Ajaccio a été le théâtre d’un rassemblement de protestation le vendredi 20 décembre contre l’implantation d’une résidence sociale sur l’avenue Noël-Franchini. Résidence sociale. Comprenons foyer d’accueil pour travailleurs immigrés. Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées pour exprimer leur désaccord face à ce projet porté par Adoma, une société de gestion de logements sociaux. L’immeuble concerné, ancien siège de la chambre d’agriculture, est devenu le point focal de ce mouvement avec une banderole proclamant “Adoma no”. Gilles Leca, porte-parole des riverains, a souligné l’absence de dialogue : “Il fallait qu’il y ait une discussion avec les riverains. Malheureusement, rien n’a été fait” (Corse Matin, 20 décembre 2024). Ce projet de foyer social a suscité une forte opposition dans un quartier déjà éprouvé par des inondations en 2020. Leca a également mentionné les craintes de “ghettoïsation” du quartier, insistant sur la mixité sociale déjà présente : “Les Salines, en termes de mixité sociale, on a ce qu’on a, on n’a pas besoin d’en avoir plus”.

Mixité sociale, comprenons mixité ethnique et cohabitation avec une population africaine nombreuse. La contestation ne vient pas uniquement des riverains ; elle est également soutenue par des figures politiques locales. Basiliu Moretti, conseiller municipal, avait déjà critiqué le projet en conseil municipal, et sa charge a probablement contribué à catalyser ce rassemblement. L’absence de concertation a été un point central de la critique, comme l’a souligné Leca : “L’avenue Noël-Franchini ne les intéresse que très peu et les riverains peut-être encore moins”. De l’autre côté, la mairie d’Aiacciu, par l’intermédiaire d’un communiqué, a défendu le suivi attentif de l’avenue Noël-Franchini, affirmant que “l’avenue Noël-Franchini fait l’objet d’un suivi très attentif dans le cadre d’un projet partenarial d’aménagement de préfiguration”. Ils ont également précisé qu’aucun projet d’aménagement n’est encore fixé et que le maire a instauré un “sursis à statuer” pour permettre une évaluation de la compatibilité avec le projet global de la zone. Ce rassemblement met en lumière les tensions entre développement social et préoccupations locales, illustrant la complexité de l’urbanisation et de l’immigration dans un contexte insulaire où chaque projet peut avoir des répercussions significatives sur la vie des habitants.

A Rivista