La mise en place de nouveaux droits de douane par les États-Unis n’en finit pas de bousculer la scène internationale. Trump, qui veut briser les reins de la puissance chinoise par une politique commerciale agressive, effraie également nos dirigeants européens qui ne comprennent pas sa façon de penser. La plupart de nos “experts” économiques ou politiques préfèrent botter en touche devant leur incapacité à comprendre la méthode Trump et la qualifient d’absurde ou de folle. C’est commode.
Ainsi, on a pu lire le député européen (LREM) et ancien journaliste “spécialiste de géopolitique internationale” Bernard Guetta analyser : “Avec le retour des empires et la politique anti-européenne de Trump, la logique des alliances de revers renaît. L’Europe devra peut-être envisager une alliance politique avec la Chine — contre la Russie et contre Trump. Difficile à imaginer, mais les discussions ont commencé.”
Il semble que l’alliance entre la Russie et la Chine lui ait échappée, de même que le soutien sans faille du régime chinois à Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine. Nos élites ont du talent.
Sur cette même ligne, le premier ministre socialiste espagnol s’est rendu pour la troisième fois en Chine en deux ans (!) pour réaffirmer que l’UE et l’Empire du Milieu sont des partenaires alors qu’il a condamné la politique commerciale depuis le début du mandat de Trump.
Enfin, on apprenait le 10 Avril que l’UE négocierait une suppression des droits de douane sur les véhicules électriques chinois, au risque de couler le peu d’industrie encore productive en Europe. L’UE espère ainsi un transfert des technologies chinoises dans ce secteur vers les firmes européennes. Là encore, nos élites ont du talent.
Ces exemples montrent que pour une partie des dirigeants de l’Union, entre le méchant Trump et le gentil Parti Communiste Chinois, le choix est arrêté. Ce retournement de veste, s’il se confirme, est historique. Nos “élites” ont déjà montré leur sympathie pour une économie réglementée et planifiée, une société encadrée parfois même de manière autoritaire ainsi que leur tendance au tiers-mondisme. La main tendue vers Pékin concrétiserait cela dans une alliance commerciale entre deux régimes qui tendent vers ces méthodes étatistes. Elle officialiserait également une rupture avec notre allié historique américain, et accessoirement un coup de couteau dans le dos de l’Ukraine.
Par-delà l’attrait que peut avoir le modèle chinois pour les dirigeants de l’Union, on peut également penser que la peur et la haine qu’ils ressentent viscéralement pour Trump les motivent à tomber sous le charme de Xi. Après tout, les déclarations de JD Vance et de Musk montrent que la nouvelle administration US risque de vouloir se débarrasser des équivalents de leurs adversaires démocrates sur le Vieux Continent. Leur «réflexe chinois» est donc une tentative de survie, mais elle pourrait bien avoir de lourdes conséquences pour l’ensemble des peuples européens. Sont-ils prêts, par leur détestation de Trump, à nous envoyer collectivement dans les bras de l’alliance du Dragon et de l’Ours ? Il faut bien mesurer ce qu’un tel mouvement pourrait avoir comme conséquences, notamment vis-à-vis de notre frère occidental et, accessoirement, première puissance mondiale.
Jeremy Palmesani