INTERVENZIONE DI JEREMY PALMESANI

Descendant de familles issues de Bonifaziu et de l’Alta Rocca, Godefroy, dit Fred, Scamaroni fut un fils de cette île : né à Ajaccio en 1914, c’est également là qu’il perdit la vie à seulement 28 ans. Tout au long de sa jeunesse il suivit son père, Jules Scamaroni. Ce dernier, vétéran de 14 et sous-préfet, est en poste en Corrèze, en Bretagne, dans le Sud-Ouest ou dans les Ardennes, région martyrisée par la guerre, et qui passionne ce lycéen curieux et plein de vie.

Fred Scamaroni grandit néanmoins dans une famille corse qui garde, comme la diaspora d’alors, un lien fort avec notre île.
Il étudie le droit pour passer des concours et devient directeur de cabinet pour le préfet du Doubs dans l’est de la France, puis à Caen. C’est au cours de ses études qu’il devient Élève-Officier de Réserve puis sous-lieutenant.

Il a 24 ans quand son père meurt à la veille de la guerre. Son supérieur, le préfet de Normandie en profite pour tenter de lui éviter d’aller au front en le chargeant d’une « affectation spéciale ». Scamaroni la refuse dès qu’il en a connaissance : il veut aller au combat. Il rejoint le 119ème d’infanterie. Toutefois, la drôle de guerre, le frustre. L’armée française ne monte pas ou trop peu à l’assaut. Il se porte volontaire pour l’aviation. Scamaroni est alors blessé en mission. Il reçoit alors la croix de guerre.

Après sa convalescence, avec d’autres soldats qui rejettent le discours de Pétain du 17 Juin 1940 sur la capitulation, il s’embarque sur un navire polonais pour rejoindre de Gaulle à Londres. Celui-ci venait de répondre à Vichy par sa célèbre allocution du 18 juin. Arrivé en Angleterre, il intègre l’État-Major personnel du Général et c’est le début d’une fidélité qui le poussera jusqu’au sacrifice ultime.

De Gaulle a besoin d’hommes pour que les colonies françaises rejoignent la résistance. Qui retrouve-t-on ? Scamaroni, qui est volontaire, est amené à Dakar. Pris, il s’évade, mais est rattrapé par les vichystes. Ramené en France, il est l’objet d’un chantage pour qu’il soit libéré. Il retrouve un emploi subalterne pour le Ministère du ravitaillement qui lui permet néanmoins de poursuivre discrètement ses activités clandestines. Il est acteur dans de multiples réseaux de résistances comme Copernic ou Liberté. En Corse, à partir de 1941, il monte l’embryon d’un réseau en lien avec le SR de Marseille. À ses côtés on retrouve Achille Peretti, le clan Giacobbi, le colonel Ferrucci, ses cousins de Peretti, Paul Pardi qui le logera à Ajaccio et bien d’autres.

Cependant c’est en 1943 qu’il gagne clandestinement l’île à bord d’un sous-marin. Sa mission est de renforcer le réseau Action R2 Corse en vue d’un débarquement des forces alliées dans l’île. 80 000 soldats de l’axe sont alors en Corse, surtout des italiens. Durant des mois, il tente d’unir les différents mouvements de résistance insulaires, malgré l’hostilité des communistes qui veulent tirer un avantage politique à cette union.

Renseignement, sabotages, livraisons d’armes, Scamaroni et les siens sont sur tous les fronts et reçoivent de nombreux soutiens dans la population. Ainsi le réseau R2 Corse prépare près de 50 terrains de parachutage. L’OVRA, la police italienne, les traque. Elle est sur la piste de Scamaroni qui utilise un faux nom. Il projette de quitter l’île fin Mars, mais il veut réaliser l’union. Sa mission doit être menée à bien !

Son opérateur radio est arrêté le 17 mars. Ses proches lui conseillent de prendre le maquis. Il répond qu’avant tout, il doit mettre ses hommes en sûreté : « Ce n’est pas au moment le plus dangereux qu’un capitaine lâche son armée ! ».

Lui et plusieurs membres de son réseau sont pris par l’OVRA le 18 mars à 1h du matin. Il les exhorte à ne pas parler. Alors, les fascistes torturent atrocement le corse, mais il ne cède pas. Il reste fidèle à son engagement et aux siens. Quand on lui promet d’arrêter s’il parle, il répond que ses tortionnaires ne savent pas ce qu’est l’honneur. Il va le leur montrer : pour ne pas parler, il se donne la mort avec un fil de fer trouvé dans sa cellule à quelques mètres d’ici.

Fred Scamaroni s’éteint après trois longues heures. Il aura poussé son sens du devoir jusqu’au sacrifice.

À la Libération, la croix de la Libération lui est conféré avec cette citation qui résume à nouveau son parcours et que nous vous livrons :
« Magnifique officier, modèle de courage et d’esprit de sacrifice, rejoint les Forces Françaises Libres en juin 1940 ; fait prisonnier à Dakar, devient dès qu’il est libre un des militants de la résistance clandestine. Poursuivi par la Gestapo, parvient à rejoindre l’Angleterre en janvier 1942. Se porte à nouveau volontaire pour une mission tout particulièrement dangereuse en Corse. Arrêté, abominablement torturé, ne révèle rien. Pour échapper à ces tortures et éviter de céder à la souffrance, se suicide en se déchirant la gorge avec un morceau de fil de fer trouvé dans la cellule ».

Telle fut la vie de Fred Scamaroni. Enfant de son île et de son peuple.

PUEMA (DI MATTEU TORRE) LETTU DA PAUL MARCHIONE

PERMITTITE O CARI AMICHI 
CH'EO VI CONT'UNA STORIA 
D'UN OMU CHI CUMBATTÌA 
DA A FRANCIA À L'ALGERIA 
OGNI SCORNU I SO NEMICHI

VULTÀ IN PIEN'TEMPURALI 
FÙ L'ORDINI DI U GHJINIRALI 
IN CORSICA DI I SO ANTICHI 
PÀ A BATTAGLIA MURTALI 

A CITADELLA SINTINELLA
ETERNA GUARDIANA RIBELLA
FIGHJULENDU E TORRE 
PALATINI CONTRA L'INVASORE 

LOCU MAIÒ DI RESISTENZA 
QUAND'OMU PIDDA CUSCENZA 
MASSERIA CONTR'A I GHJENUVESI 
SCAMARONI CONTR'A I LUCCHESI 

MEGLIU A MORI CHI DI PARLÀ 
AB'AETERNAM A SO FIERTÀ 
CUSÌ MURÌ UN GRAN'CAMPIONI 
CORSU ERA SGIÒ SCAMARONI

DISCORSU DI NICOLAS BATTINI

Palatini, cari amichi, Aiaccini, Corsi d’ogni reghjone,

Simu aduniti oghje inde a listessa andatura è cù a listessa fede chì guida l’azzione di Palatinu dipoi mesi : onorà a memoria di l’antichi.
Da mantene ‘ssa catena cuntinua è plurimillenia stazzunata dipoi u Mesoliticu, di leva in purleva, chì dà sempre oghje à a nostra cumunità a so natura di populu. 
Simu quì per intratene è cultivà ‘ssu sacru cultu di l’antichi è di a memoria, cimentu d’ogni identità è surgente di cursitù.
Un cultu di a memoria chì s’arremba nantu à e grande forze di u passatu chì danu à u prisente tuttu u so savore è à l’avvene tutte e so furtune.
Eramu cinque mesi fà, di nuvembre, per sta piazza Cesare Campinchi, da rende l’omagiu fidu di l’arcifigliulini à l’arcibabboni cascati pendente a Grande Guerra, cum’è tanti eroi corsi di tante generazioni, dipoi seculi è seculi di storia scunciata è attempu carca à grandi fatti di valore. 

Framezu à stu Panteone di l’eroi corsi, ci stà bellu gloriosu Fred Scamaroni, mortu per l’alta primura d’ùn vulè rinigà u so dirittu pettu à e pretenzioni furestere. 
Dimu oghje tutta a virtù, tutta l’ispirazione, tuttu u curagiu chè no tiremu d’un tale esempiu è credimu chì bisognu c’hè più chè mai di fallu sorte da e tenebre di a dimentichenza.
Quant’ellu hè grande u sintimu chì puntò quell’omu, prifettu è figliolu di prifettu, chì si pudia bè cuntentà d’una pace cunfurtevule aspettendu ch’ella passessi a terribule guerra di u 40, à participà cun tutta a so energia, cun tutta a so forza, cun tuttu u so sangue à a lotta contru à ciò chì li paria insuppurtevule, u pesu di e botte lucchese nantu à a faccia di a patria, à u serviziu d’una causa chì li paria a megliu pè a Corsica.
Fred Scamaroni, in tutta a so azzione, hà fattu pè a so ghjente è pè u so paese. 
S’hè scrittu inde u listessu filu di i Cinarchesi, di Sampieru, di Paoli è di i Piluti di 14. Hà datu ciò ch’ellu era pè a terra corsa. 

Ottant’anni fà, incarceratu per fattu di resistenza pendente l’occupazione taliana, si scannò à fil di farru invece di cede è di dà u nome di i so camerati dopu à ore è ore di turtura.
Fred Scamaroni cunsiderava chì l’edee forte è essenziale supranavanu in valore a vita di l’Omi. Cum’è Cristu, hà vintu a morte chì à tutti ci aspetta.
Per quessa merita oghje a deferenza è u rispettu di i figliulini è di l’arcifigliuni chì s’arricordanu di tuttu u valore chì a nostra sterpa rustica, da sempre, hè capace di produce.
Ci arricurdemu secondu i versi di u pueta : 

M’incanta la so memoria
È la so voce sincera
È lu Moru di a vittoria
Postu à mezu à la banniera
Cun tutta l’eterna gloria
D’una razza cusì fiera