NATALITÉ EN BERNE, MORTALITÉ EN HAUSSE : L’HIVER CORSE VIENT !
Bien que la Corse soit la région (hors territoires ultramarins) où la population croît le plus, elle est aussi celle où l’on procrée le moins. Nous l’avons maintes fois souligné au sein de l’Associu Palatinu : le peuple corse est pris dans une tenaille migratoire. D’un côté, des arrivées massives de Français déracinés à la recherche de sécurité et de l’autre, l’installation croissante d’étrangers enracinés à la recherche de confort social. Couplé à un taux de natalité effroyablement bas (1,28 enfant par femme), ce phénomène ne laisse que peu d’espoir pour la survie de notre peuple et de son identité.
Ce faible taux de natalité est d’autant plus à relativiser puisque gonflé par les naissances issues de parents non corses.
Or, pour garantir son renouvellement, un peuple doit atteindre un taux de 2,1.
Autre élément à considérer, en Corse, la proportion d’individus de plus de 65 ans dépasse celle des moins de 20 ans : un véritable hiver démographique se dessine pour le peuple corse.
LA DÉMOCRATIE, C’EST LA DÉMOGRAPHIE
En France, le taux de natalité est de 1,62. Cela, alors même qu’un an plus tôt, Emmanuel Macron annonçait vouloir entreprendre un «réarmement démographique» dont nous attendons encore les mesures. L’urgence est manifeste, et le sujet commence enfin à être pris au sérieux dans les médias nationaux. Aziliz Le Corre, par exemple, défend l’idée que “l’enfant est l’avenir de l’homme” et que la parentalité est le socle de notre civilisation et de ses valeurs. Elle souligne également que fonder une famille est une réponse à l’individualisme et au consumérisme. Christine Kelly, quant à elle, voit dans la baisse de la natalité un signe du déclin des valeurs familiales, tout en rappelant que « la démographie est le destin d’un peuple ». Nous pouvons ajouter que la démographie est aussi la clé de la démocratie : l’identité d’une société ne peut subsister si ceux qui l’ont fondée deviennent minoritaires en son sein.
L’IMMIGRATION DE REMPLACEMENT: LA POPULATION PRÉFÉRÉE AUX PEUPLES
Ces notions sont essentielles à distinguer. En se basant uniquement sur les chiffres, nous pourrions croire que la Corse n’est pas en danger, car le solde migratoire compense la sous-natalité, et permet une croissance démographique positive (+1%). Une telle lecture a de quoi rassurer économistes et gestionnaires, mais non sans tromper. Sur une île où la défense du peuple d’origine – sa culture, son histoire, sa langue, son patrimoine – est une priorité, cette situation est alarmante.
Le peuple d’origine englobe les individus partageant une culture, une histoire, une langue et un patrimoine communs, qu’ils résident en Corse ou en dehors, ce qu’on appelle la diaspora. La population, en revanche, regroupe tous les habitants vivant sur un même territoire, qu’ils soient autochtones ou allogènes.
Un État a pour mission de prendre des décisions visant à préserver et développer son économie, tout en protégeant l’intégrité et l’identité de son peuple. Une évidence, partout dans le monde. Pourtant, face aux taux de natalité historiquement bas en Occident, nous devons reconnaître que les nations occidentales ont échoué.
Plus qu’un échec, c’est une trahison. Dès 2000, la communauté internationale alertait sur le déclin démographique en Occident. L’ONU, dans son rapport “Les migrations de remplacement : une solution au déclin et au vieillissement des populations ?”, préconisait une immigration massive pour compenser ce déclin. Jusqu’à suggérer le nombre de migrants nécessaires par million d’habitants.
À aucun moment n’est évoqué la nécessité de promouvoir une politique nataliste.
Un quart de siècle plus tard, nous constatons que les choix politiques ont privilégié une logique strictement numérique, au détriment des peuples d’origine, totalement oubliés donc, de l’équation.
Ainsi, en France, si le nombre d’enfants nés de parents français a diminué de 30 %, les naissances d’enfants issus de parents immigrés ont bondi de 75 %. En Corse, selon l’INSEE, 20 % des naissances concernent des couples où au moins un parent est étranger, dont près de la moitié le sont intégralement (chiffres de 2014).
Depuis 25 ans, ces flux migratoires et les naissances qui en découlent n’ont pas permis d’améliorer la situation économique du pays. La France continue de creuser sa dette, tandis que la Corse s’accroche tristement à sa place de région la plus pauvre de France.
UN SUICIDE ORGANISÉ : LE COUP DE GRÂCE
Un quart de siècle aurait suffi pour initier des politiques natalistes, éventuellement combinées à une immigration temporaire, choisie et strictement encadrée, priorisant quand cela est possible les critères de compatibilité culturelle, gardant un juste contrôle sur le nombre, et d’en récolter les premiers fruits aujourd’hui. Au lieu de cela, nous récoltons l’omniprésence du sujet de l’immigration, devenu central dans les médias et débats politiques, conséquence directe de ces stratégies du nombre avec les bouleversements démographiques, sécuritaires et sociaux que l’on sait.
Parallèlement, ce progressisme bien-pensant, corruption de la pensée, se félicite de l’inscription de l’avortement dans la Constitution – bien que celui-ci fût déjà permis –, et considère qu’une politique nataliste reviendrait à réduire les femmes à des « utérus ».
Puis il déplore les effets des causes qu’il a chéries, se résout à assurer non pas la survie des peuples, mais celle de l’économie, par le biais d’une immigration massive. L’ONU l’a nommée sans détour : une migration de remplacement. Quand bien même il refuse aux peuples le droit de manifester leur crainte d’être remplacés.
En Corse, avec une natalité extrêmement faible, ces apports accélèrent la dilution de son peuple. Malgré cela, le rapport “Pruspettiva 2050”, tout en soulignant ces risques, ne suggère que l’immigration comme solution au déclin démographique, précisant même sa provenance, l’Afrique, continent où la dynamique démographique est la plus forte.
Mais qui sont ces remplaçants, sinon les enfants des autres ? Les enfants que nous n’avons pas su, pu – ou voulu – faire ? Faire des enfants ne serait-il donc bon que pour les autres ? Et le ventres de ces femmes, nos ventres ?

3500 DÉCÈS, 2500 NAISSANCES, 1000 IVG
Il ne faut pas être médaillé Fields pour comprendre le danger que représente ce progressisme. Il nous suffit d’ouvrir le journal à la rubrique nécrologique, où s’étalent les noms de nos anciens rejoignant nos aïeux, et de le comparer au carnet rose pour saisir l’ampleur vertigineuse du phénomène.
En 2023, on compte sur l’île 3 500 décès, majoritairement autochtones, contre 2 500 naissances (toutes origines confondues) et 1 000 avortements, hissant la Corse au rang de troisième région française ayant recours à l’IVG.
Si l’inscription dans la constitution est une « victoire » pour certains, le chiffre de l’IVG pratiqué sur l’île doit plutôt inviter à une réflexion approfondie: pourquoi un tel nombre ? Pourquoi, sans remettre en cause ce droit existant, en faire une fierté ? Quand finalement, les femmes ne semblent pas avoir été écoutées.
Une enquête publiée dans Corse-Matin en novembre 2023 révèle que cette décision est souvent dramatique et traumatisante pour la majorité des femmes. Parmi les motifs les plus fréquents, notamment chez les 25-35 ans, âge où l’on fonde une famille, figurent : le besoin de terminer ses études, de bâtir sa carrière, ou d’obtenir un emploi stable. Ce sont autant d’appels au secours ignorés par les pouvoirs publics. Le Dr Mondielli, cité dans cette enquête, souligne particulièrement le poids de la précarité.
La Corse, avec près de 20 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, est la région la plus pauvre de France. Plutôt que de se réjouir, il serait urgent de trouver des solutions concrètes à cette crise, en particulier dans cet hiver démographique.
PROMOUVOIR ET FAIRE VIVRE LA FAMILLE CORSE
Faisons simple, si la mort survient par le décès, la vie elle, vient par les naissances. De fait, les politiques menées jusqu’à présent sont une trahison envers le peuple corse, car elles ne se préoccupent pas de sa survie.
Il est grand temps de faire des enfants. Mieux : de fonder des familles ! Il faut redonner l’envie, la confiance et le moral, redonner le sentiment que s’épanouir dans l’amour de l’autre – cet autre qui est une part de nous – n’est ni un sacrifice, ni une contrainte, ni une ruine. Mais bien une chance, une immense joie, et enfin, une bénédiction.
Comment prétendre vouloir sauver notre langue, notre culture et notre patrimoine, si nous n’avons personne à qui les transmettre ?
Avec une moyenne d’âge à la première maternité qui est passée de 24 ans dans les années 1970 à 31 ans aujourd’hui (source : INED, Statista), le lien intergénérationnel se délite. À l’étirement de l’écart d’âge entre la première et troisième génération s’ajoutent la dispersion de ses membres sur le territoire, amoindrissant d’autant plus le partage des valeurs familiales et la transmission culturelle.
Le rôle des politiques, nous l’avons dit, est d’anticiper et de permettre au peuple, tout en assurant les besoins économiques, éducatifs, sanitaires et sociaux, de préserver sa vitalité et sa cohésion. Or, en ne comptant que sur des logiques numériques, nous allumons la mèche du dispositif de notre propre extinction.
Pour survivre, le peuple corse n’a pas besoin de rivaliser avec les grandes nations démographiquement. Il a simplement besoin d’être majoritaire sur son territoire, en nombre suffisant pour garantir son développement humain et économique.
À rebours de ce qui est proposé, et face à la xénophilie affichée par l’ensemble de la classe politique gouvernante, aussi bien en France qu’en Corse, en un temps où les bancs de l’Assemblée nationale devraient servir de tribune pour légiférer sur des mesures d’urgence. À rebours de ce que déclarait Marc Simeoni, qui voyait dans le métissage le meilleur moyen de préserver notre culture.
LA CORSE CHERCHE SES BERCEAUX
Non, les Corses ne demandent pas à être remplacés, ni à être métissés. Le métissage est beau lorsqu’il résulte d’un acte d’amour et doit le rester. Il n’est pas une solution. Les Corses de ce millénaire souhaitent pouvoir travailler et vivre décemment grâce à leur travail. Ils demandent à pouvoir étudier, à avoir une situation stable, voire une carrière. Ces aspirations ne doivent pas être synonymes de contraintes, ni empêcher de fonder une famille ou décourager son élargissement pour des raisons professionnelles ou économiques. Il est urgent de réactualiser le système fiscal et social qui, s’il était judicieux à une époque où les femmes ne travaillaient pas, se révèle obsolète aujourd’hui. Il favorise des familles, souvent allogènes et patriarcales, où la femme reste à la maison par culture et par position d’infériorité plutôt que par choix. Les femmes qui travaillent sont souvent pénalisées car leur effort rend le foyer “trop riche” pour bénéficier d’aides ou d’un logement social.
On ne peut encourager les femmes à suivre une voie universitaire et une carrière professionnelle si ces choix impliquent le sacrifice de la famille. Études ou travail avec maternité ne devraient pas être incompatibles lorsqu’on dispose d’un soutien adéquat. Structures de garde financées par l’État, sans cette incertitude d’avoir ou non une place, défiscalisation proportionnelle au nombre d’enfants, prêts à taux zéro, bourses pour les études supérieures, reconnaissance publique – les solutions existent mais ne sont pas mises en œuvre.
Paul Deschanel, président de la République au sortir de la Grande Guerre, déclarait : « La France, par-delà les tombes, cherche les berceaux. Resterez-vous sourds à sa prière ? »
C’est à la même période et avec le même esprit que l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population militait pour une natalité forte, voyant dans une faible natalité le péril du peuple.
Il aura véritablement fallu attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que le gouvernement s’y penche et justement, par la mise en place d’outils avantageux pour la famille, en l’honorant (médaille) ou en la soutenant (aides financières). Avec les résultats que l’on sait, le baby-boom, qui sera suivi des Trente Glorieuses.
UN STATUT DE DESCENDANT PLUTÔT QU’UN STATUT DE RÉSIDENT
Le peuple corse, lui, bien qu’il ne subisse plus les ravages de la guerre, prie depuis des années pour sa survie. Cette prière doit être entendue. Lors de l’assemblée générale de l’Associu Palatinu, le 30 octobre dernier, nous avons déclaré notre intention de promouvoir un statut de descendant. Ce statut reconnaîtrait la nécessité de soutenir la natalité par la mise en place de mesures locales, bénéfiques aux corse en y incluant des critères relatifs à la communauté d’intérêts matériels et moraux, car si tout le monde peut résider en Corse, tout le monde ne peut prétendre être corse. Seuls les Corses peuvent « fabriquer » des Corses.
« Je veux plus de bébés », déclarait récemment le vice-président américain Vance.
« Chers frères, faites des enfants. Ce sera votre joie, votre consolation (…) et votre fierté », proclamait également le Pape François lors de sa visite à Aiacciu en décembre dernier.
Alors faisons des enfants ! Les responsables politiques ne peuvent plus faire la sourde oreille et ignorer la souffrance de ces femmes qui avortent, de ces familles qui peinent à boucler les fins de mois, et renoncent à s’agrandir et connaître les joies que procurent la famille ignorer le cri de ce peuple qui au travers de tous les combats menés pour préserver sa culture, sa langue, et son identité, demande à vivre. Il est temps d’exiger les moyens de pouvoir continuer d’exister. Heureux, forts, dans la prospérité.Il en va de notre survie, et de la transmission de notre magnifique héritage culturel.
Per a salvezza di a nostra antica razza, femu zitelli !
Thomas Selvini