Après 5 années de travaux, les portes de Notre Dame s’ouvrent à nouveau. La première messe publique aura lieu le 8 décembre, jour de célébration de l’Immaculée Conception de la très sainte Vierge Marie. Ainsi Marie, Notre Dame, retrouvera sa place dans le cœur de Paris. Nous ne reviendrons pas ici sur les polémiques, tant cela parait finalement futile devant un tel monument élevé à l’unique gloire de Dieu mais par honnêteté nous reconnaitrons que le président de la République a ici réussi son pari, celui de la restaurer en 5 ans, ce dont admettons-le, beaucoup doutaient. Cela sera d’ailleurs la seule réussite de ses années de présidence, peut-être même la seule chose que l’Histoire retiendra de lui.
Avant de célébrer dans la joie cette réouverture, il est nécessaire de revenir dans le passé. Comment ne pas se souvenir de ces terribles images du 15 avril 2019 : Notre Dame en flammes ? J’étais ce jour-là, comme de nombreuses personnes, croyantes ou non, ému aux larmes, immobilisé devant mon écran, spectateur de cette tragédie. Dévasté de voir la flèche, représentant l’ascension de la prière des Hommes vers le Père, s’effondrer, comme un lien brusquement rompu. Nous étions, en quelques heures seulement, les observateurs malheureux de la disparition de plusieurs siècles de foi et d’histoire.
Comment ne pas interpréter cela comme signe ? La plus belle des églises de France, la plus symbolique, celle de Paris, capitale du royaume, bâtie à l’initiative de l’évêque Maurice de Sully au XIIe siècle, qui vit Saint Louis déposer la couronne d’épines du Christ et qui accueillit la cérémonie du sacre de Napoléon. Celle qui fut martyre des bouchers de la Révolution française, misérable spectatrice des massacres de la Commune et de l’occupation allemande. Cathédrale magnifique comptée par Victor Hugo, incroyable expression de l’appel du divin en chaque Homme. Elle fut aussi, humblement, l’abri des croyants, des Parisiens et des pauvres pendant les rudes hivers du moyen âge. Lieu de célébration de la foi vivante en Christ et du déploiement des œuvres de l’Eglise, elle accompagna, huit siècles durant, la vie ordinaire et extraordinaire des riverains de la Seine, des pèlerins, de Paris et de la France, dans les joies et les épreuves, dans les grands moments de l’Histoire. Symbole flamboyant de l’occident chrétien, tout cela brûlait et s’effondrait sous nos yeux.
Saisi par l’émotion, beaucoup se sont demandé si cela était un signe, le signe de la fin ? La fin de la foi en Christ sauveur du monde, la fin du christianisme en Europe, la fin du monde occidental ? La France, fille ainée de l’Eglise allait elle disparaitre, emportant avec elle le reste de l’Europe et les dernières reliques de la Chrétienté ? Serons-nous aussi consumés par les flammes de la modernité, du nihilisme, de la haine de la foi, de la mondialisation, du remplacement, de l’Islam ? Serons-nous les derniers contemplateurs de Notre Dame ?
La vie est cependant bien mystérieuse et Notre Dame ne s’est pas effondrée. La cathédrale et de nombreux objets ont été miraculeusement préservés de l’incendie par la courageuse intervention des pompiers et le formidable dévouement des artisans, ceux-là même qui ont rebâti Notre-Dame et la rendent aujourd’hui plus belle qu’elle ne l’a jamais été. Pourtant ce qui importe n’est pas Notre Dame, ce n’est ni la pierre, ni le bois, ou le verre, mais la foi des hommes qui l’ont bâtie et de ceux qui aujourd’hui l’ont relevée. Foi en Christ évidemment mais foi aussi en ce que nous avons reçu en héritage et en notre volonté de le transmettre à nouveau. Nous ne devons être ni la génération de la contemplation, ni celle de la lamentation. Nous devons être celle de l’action, qui rebâtira, peut-être sur des cendres, mais qui rebâtira ! La grandeur d’une civilisation ne réside pas dans la splendeur de ses bâtiments mais dans la force et la conviction des hommes et des femmes qui les ont élevés. Ils sont ces pierres vivantes qui portent l’avenir. Voici la vérité de Notre Dame, voici donc le signe. Oui les temps sont incertains pour la Corse, pour la France, pour l’Occident mais toute pierre tombée à terre peut être relevée. Cela dépend de nous et uniquement de nous.
« Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai » Jean.2.19.
Lisandru Luciani